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Carnet de voyage de Marajo
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Jour 17 - Samedi 3 Avril : La mangrove de l'île de Marajo

Réveil à 5h00...dur ! Le bateau qui nous mènera de Belem à l'île de Marajo est à 6h30. Pas de touristes à l'embarcadère, rien des habitants de Marajo qui rentrent chez eux, ou des Bélémois qui vont passer le week-end sur l'île. Pour faire la queue, le système est judicieux : les gens posent leur sac à la queue-leu-leu, et repartent s'asseoir. Une fois dans le bateau c'est l'effervescence, entre le chargement de marchandises, les barques chargées de fruits et de biscuits qui s'accolent au bateau pour les passagers qui auraient un petit creux... et la télé qui hurle ! Le trajet dure presque 4 heures. Avant d'arriver, nous sommes abordés par Edvan, qui tient la pousada où nous avons fait une réservation par internet (facile de nous repérer, même au milieu de 300 personnes ! ) Edvan fait du commerce équitable à Marajo et va donc souvent à Belem, d'où il est originaire. Il nous parle de l'île avant de nous emmener dans un des vans qui font office de transport public à Marajo.

20 kilomètres plus loin, nous arrivons dans le village de Joanes à la pousada Ventania, accueillis par Oliva, la femme d'Edvan : venue de Bruges, elle d'abord vécu à Ouro Preto avec son premier mari brésilien avant de s'installer sur l'île. L'endroit est paradisiaque : la pousada, avec ses chambres décorées toutes différemment, surplombe une plage déserte. Et comme nous sommes les seuls clients, nous pouvons tout visiter pour choisir notre chambre ! Une petite ballade sur la plage confirme cette impression d'incroyable isolement, avec deux modestes restaurants, quelques pêcheurs, et des habitants qui viennent ramasser des andirobas, des grosses graines qui servent ensuite à faire des produits cosmétiques. Dans le microscopique village de Joanes, comme partout à Marajo, des buffles déambulent paisiblement dans les rues.

En début d'après-midi nous partons pour la Fazenda Jeronimo. Un van permet de rejoindre Salvaterra, où il faut prendre un bac pour atteindre Soure, avant de reprendre un taxi pour la fazenda. Des buffles partout sur les routes. Jeronimo gère sa ferme avec toute sa famille. Les talents de cuisinière de sa mère sont d'ailleurs réputés dans la région. Après un déjeuner sur place, Jeronimo et ses gauchos nous emmènent à cheval en compagnie de 3 voyageurs brésiliens. Au bout d'une demi-heure, l'un des cavaliers garde les chevaux tandis que nous traversons la mangrove à pied. Extraordinaire ! Dans un paysage fait de gigantesques arbres aux énormes racines noueuses, nous marchons sur une fragile passerelle, faite pour ne pas marcher dans la boue qui grouille de petits crabes. A marée haute, plus tard, les racines seront recouvertes par la mer. De l'autre côté de la mangrove, voici une superbe plage, où nous retrouvons nos chevaux pour faire un peu d'équitation en bord de mer. Mais mon canasson s'emballe, et fonce au galop droit dans la mer ! (autant les chevaux obéissent à leurs maîtres sur un simple claquement de langue, autant ils ne ne écoutent pas !) Nous rentrons à la fazenda par la forêt, peuplée d'oiseaux et de singes.

Dîner à Joanes le soir, ça ne s'improvise pas...sinon on se couche sans manger ! Oliva nous réserve un restaurant sur la plage. Nous traversons la plage obscure et silencieuse avec une lampe de poche : le propriétaire du restaurant guette notre arrivée car nous sommes ses seuls clients ! Cela n'empêche qu'il ne nous sert pas du tout ce que nous avons commandé... pour s'excuser il nous offre un récipient en terre cuite de Marajo.

 




Jour 18 - Dimanche 4 Avril : Marajo en pirogue

Oliva se félicite du beau temps : nous avons une chance incroyable, car c'est la saison des pluies. Pour quelques heures de pirogue, c'est appréciable...Nous faisons la connaissance de Bira, un grand costaud qui nous emmène dans sa jeep bringuebalante où il a attaché une pirogue. A quelques kilomètres, nous déchargeons la pirogue au bord d'un cours d'eau où se rencontrent eau douce et eau de mer.

Au milieu d'une splendide végétation amazonienne, nous passons plusieurs heures à naviguer sur les aguaripés. Pas de crocodiles heureusement, mais des singes, des oiseaux, des papillons, des crabes...Pour toute rencontre, un pêcheur dans sa barque (qui a quand même pris soin d'emporter une carabine...) Les reflets rougeâtres de l'eau laissent supposer la présence de bois brésil, exportés par les Européens en période coloniale pour teindre les tissus. Pas facile de ramer, mais Bira est infatigable ! Parfois des branchages nous coupent le chemin : Bira saisit alors vigoureusement sa machette pour dégager le cours d'eau. Impressionnant ! Au retour nous rencontrons une famille qui ramasse des andirobas. Entassés dans la jeep, nous reprenons tous ensemble la route de Joanes.

L'après-midi rime avec pluie : cela devait bien arriver ! Nous projetons une ballade en buffle pour plus tard, ce qu'Oliva a demandé à un habitant du village...mais qui n'arrivera jamais. Après un peu de baignade entre deux averses, nous réservons notre restaurant du soir. Comme hier nous sommes les seuls clients. Au menu : la caldeirada, un genre de bouillabaisse, soit un mélange de différents poissons cuits dans une soupe. Délicieux !




Jour 19 - Lundi 5 Avril : La ballade à pied

A 7h30, revoici le sympathique Bira, qui nous emmène en jeep à la maison de Bichaf (ça se prononce comme ça en tout cas !) Il vit seul avec sa femme et ses deux enfants à l'orée de la forêt. Avec sa barbe, son pantalon de treillis, sa casquette et son couteau, on dirait le fils naturel de Fidel Castro et de Crocodile Dundee !

Nous voilà partis tous les 3 pour une ballade à pied dans la forêt, qui ressemble d'abord à une anodine promenade dans les bois. Bichaf est incroyablement bavard, et nous donne d'innombrables informations sur les plantes et les arbres...pas facile de suivre tout ça en portugais ! Puis comme il le dit lui-même : "aqui commença aventura" ! Effectivement...les chemins se gorgent d'eau, puis deviennent complètement inondés. Quand l'eau arrive aux genoux et que cela devient impraticable, il faut marcher sur des troncs d'arbres qui flottent sur l'eau, en s'aidant maladroitement de grands piquets pour se stabiliser. Alors forcément, quand on n'a pas l'expérience de Bichaf, les chutes sont assurées ! Après quelques centaines de mètres, dégoulinants de sueur et les vêtements trempés jusqu'à la taille, nous formons un spectacle bidonnant et mémorable !

Et ce n'est que le début...la forêt s'ouvre sur un grand champs de maïs, d'où surgit un homme, qui selon Bichaf a rencontré Jésus ! Eh bien oui, Jésus l'a choisi pour parler aux habitants de son village, et Bichaf ne plaisante pas...On fait un effort surhumain pour ne pas sourire ! Après cette troublante expérience mystique, nous repartons dans la forêt, au prix de nouvelles chutes dans l'eau. Bichaf, dans son élément, gazouille comme un oiseau et parvient à imiter les singes qui lui répondent. En quelques minutes il confectionne un sifflet avec un morceau de bois, mais que lui seul arrive à faire fonctionner !

Enfin revenus à notre point de départ, accueillis par les hurlements de joie des enfants à la vue de leur père, Bichaf nous fait entrer chez lui, une modeste maison en briques au confort rudimentaire. Sa femme nous offre gentiment de l'eau et des fruits, tandis que la pluie se met à tomber.

A midi à la pousada, nous attendons une nouvelle fois le buffle et son maître...en vain ! Il est malheureusement temps de repartir sur Belem, après nos adieux à Oliva, décidément charmante. Le bateau ne met cette fois-ci que 2h30 pour rejoindre Belem (la durée étant variable selon la marée). Nous retournons à l'hôtel Unidos, où nous avions laissé en pension nos belles plumes du paon de Barreirinhas...mais elles ne sont plus là ! On fouille partout, tout le monde s'en mêle en donnant des informations contradictoires. On ne saura jamais si quelqu'un se les était approprié ou si elles étaient seulement mal rangées...mais nous retrouvons quand même nos plumes que nous trimballons déjà depuis une semaine sous l'oeil suspicieux du personnel des aéroport.

Nous partons dîner dans une churrascaria conseillée par Edvan. Mais voilà, nous sommes (encore!) les seuls clients : alors forcément le serveur nous sert de la viande toutes les 2 minutes. En un 1/4 d'heure, nous sommes gavés comme des oies ! En face du restaurant, dans un bâtiment qui porte le nom d'église sur son écriteau, un prédicateur vocifère dans un micro et fait marcher en rond ses fidèles, dans de curieuses gesticulations bien éloignées des prières traditionnelles...


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